Parcourir 15000 km pour tous se retrouver au Kustomfest, un an plus tard ? L’invitation fut lancée à la volée, un soir d’automne 2017 au pied de la Tour Eiffel, alors que je rencontrais quelques Harleyistes indonésiens. « A l’année prochaine ! » leur répondais-je, non sans un clin d’œil. Rendez-vous était pris. Mais au fil des mois, et à l’approche du show, ce sont finalement de terribles événements climatiques qui me rappelaient mon départ à venir…
Une semaine avant le début de l’événement, la ville de Palu, située au nord de l’archipel, était frappée par un tremblement de terre de magnitude 7. Lequel fut suivi d’un tsunami des plus meurtriers, alors même que l’île de Lombok se relevait à peine d’une série de séismes particulièrement dévastateurs subis durant l’été. Difficile d’ignorer ces conditions en s’envolant pour prendre du bon temps à l’autre bout du monde…
Belo Negoro. Pourtant, après 25h de voyage, le dépaysement est tel que cela passe au second plan lorsque qu’on découvre la ville où se déroulera le Kustomfest : Yogyakarta, située à mi-chemin entre la capitale hyperactive Jakarta et Bali, la carte postale de lune de miel. Accueilli par la team du garage Retro Classic Cycles, qui héberge les bureaux de l’événement, j’ai la chance de découvrir en avant-première Belo Negoro, le sportster construit en 28 jours en hommage aux héros de l’aviation indonésienne et qui sera remis à l’heureux gagnant de la loterie de clôture du festival.
Ca doit rouler. Direction maintenant le JEC (le centre d’exposition), pour la conférence de presse, la découverte des lieux en avant-première et le test ride. Ici, que l’on vienne en chevauchant sa bécane ou que les motos arrivent sur un plateau : on n’échappe pas au test ride, démarrage, roulage et petit parcours autour des cônes, afin d’obtenir le précieux sésame pour exposer au Kustomfest. Et quand bien même la nuit tombe (18h ici !), aucune dérogation au protocole n’est permise. Avec pas moins de 155 motos et 28 voitures en lice, il est évident que l’équipe du Kustomfest ne se couchera pas de bonne heure !
Here We Are. Samedi, c’est le grand jour ! Et la magie a opéré durant la nuit. A 9h pétantes, le Kustomfest ouvre ses portes aux visiteurs. Motos, voitures, pickup et mêmes vélos sont alignés au cordeau et brillent de mille feux ! Le programme est chargé pour ce week-end. A l’intérieur : bike show, exposants, tatoueurs, concours de pinstriping et concerts. A l’extérieur, les animations sont tout aussi variées : acrobaties des stunters, des riders en BMX, concerts, sans oublier les artistes de la peinture en bombe.
BUILT not BOUGHT. Le niveau du bike show est élevé – je me souviens alors du choc enthousiasmant que m’avait procuré ma première visite à Yokohama – et éclectique au possible, allant du 110cm³ au gros bagger. Ici, en Indonésie, on met du cœur à l’ouvrage ! Comme je le constaterai en me baladant de garage en garage lors de mon séjour, les moyens financiers modestes limitent la commande de pièces sur catalogue, ce qui fait la part belle à la construction, pure et dure ! Cadre, fourche, réservoir, guidon, roues, tout est fait maison. Parfois, c’est même le moteur qui est home-made, comme sait le faire ce doux dingue de Psycho Engine qui exposait sur son stand une moto propulsée par un 5 cylindres en étoile, en plus d’avoir construit pour le show un trois cylindres en V (en W ?) muni d’une fourche springer mono tube !
Les Guests. Il faut vivre le Kustomfest ! Les guests ne s’y sont pas trompés, revenant pour certains d’année en année. On pouvait ainsi croiser Yaniv de Powerplant, les japonais Haichiro Kurosu de Cherry’s Company, Masa de Luck Mc et Hideki Hoshikawa de Asterisk. Mais encore, les habitués Shige Suganuma et Hiro wildman Ishii de Mooneyes, Steve Caballero de retour du Wheels, ainsi que Christian Sosa de Metalworks.
Street Food Paradise. A Yogya, il est souvent temps de prendre l’air ! La température, qui dépasse 30°C tout au long de la journée, est une bonne excuse pour goûter les spécialités des nombreux stands plus alléchants les uns que les autres. Brochettes diverses, jus de fruits pressés minute, poulpe braisé, café moulu dans un spectaculaire combi pickup rallongé… Le spectacle est aussi dans la cantine !
La débrouille. On en profitera alors pour faire un tour dans le parking. Moins de visiteurs que l’année dernière, mais tout autant de surprise procurée par la diversité des machines garées, montées pour la plupart avec peu de moyens mais tellement de passion. Café racer, chopper, street tracker, vespa : il y en a pour tous les goûts, et là encore, c’est la foire aux cadres maison, réservoirs soudés de toute pièce, guidons délirants et rouille à tous les étages. Peu importe le flacon tant qu’on a l’ivresse, et ça, les jeunes indonésiens l’ont bien compris !